Thés BAMP !

lundi 30 juillet 2012

Descendre du tapis volant


Alors oui, j'étais sur un tapis volant, c'est du moins l'impression que j'avais après la naissance de nos enfants.
Déjà la piqure de dérivé de morphine pour atténuer les douleurs du à l'intensification des contractions m'avait plongé dans un état de perception : "différent".
Je sentais mon corps se contracter, mais je n'avais plus mal et ça après 5 mois à souffrir des douleurs de la grossesse, c'est que du bon.
Puis est venue la césarienne, imprévue, rapide, sans douleur ni angoisses.
L'anesthésie du bas de mon corps aidant, je me sentais particulièrement bien.
En salle de réveil, je me disais que je n'allais plus avoir de  contraction, je sentais mon ventre vide mais cela me soulageais. Et puis, je pensais aussi que mes jambes allaient dégonfler et ça me faisait planer...

Nos enfants étaient nés en bonne santé.

De retour dans la chambre, j'avais une sacré pêche, des tuyaux un peu partout, mais pas mal du tout.....
J'étais euphorique, pleine d'énergie pour veiller toute la nuit sur nos petits.
Ce tapis volant sur lequel je me trouvais m'a porté jusqu'au lendemain soir.

Puis j'en suis tombé.
J'avais 9 agrafes sur le haut du pubis couvert par un gros pansement, mais je n'avais pas trop mal à ça.
Par contre mes jambes n'ont pas dégonflées de suite, et surtout je me suis retrouvée avec de l'eau de chaque côté du ventre. Je ne pouvais plus rester sur le dos, ni me mettre sur le côté droit, ni sur le gauche.
Je ne m'étais toujours pas levée, d'ailleurs je n'en voyais pas l'utilité, ni la possibilité.

Pourtant, il faudrait se lever à un moment.

Lorsque les dames sont venues pour me lever, cela s'est terminé par un bain de sang au pied du lit et retour à la position allongée sans avoir fait un pas.
Lorsque le lendemain, ou plus tard, je ne me souviens plus trop, ils ont voulus recommencer ça.
"Il faut vous laver M'dame", moi je m'en foutais de me laver. Je ne voulais pas que l'on me touche, que l'on me laisse dans mon lit.
Faire pipi dans son lit avec un bassin, c'est pas glamour, c'est toujours mieux que dans un tuyau.
J'avais mal de façon intense et diffuse dans toute cette eau qui se glissait de mes pieds vers mon ventre.
Pourtant elle est venu la dame qui voulait ma laver et donc me lever.
Lorsque j'ai mis mes pieds sous mon corps et que j'ai senti tout mes organes qui descendaient vers je ne sais où. Je me suis sentie vraiment mal.
Et pourtant, il fallait marcher, mais là d'un coup je ne savais plus, je ne pouvais plus marcher. 
Mon centre de gravité était parti, je ne sais où, mes organes à l'intérieur de mon corps se baladaient je ne sais où, je n'arrivais plus a respirer car mes muscles étaient eux aussi partis de mon corps.
Je n'étais plus moi, ni celle qui avait mis 8 mois à se transformer pour fabriquer des bébés, ni celle que je connaissais depuis 42 ans.
Aller jusqu'à la douche a été une vrai épreuve physiquement et psychologiquement. 
J'avais mal au corps et à l'âme.
Je me suis fait laver par une dame.
Lorsque, enfin, je me suis retrouvé dans mon lit, je me sentais vraiment mal.
Plus envie de donner le sein à mes petits, impression que jamais je ne redeviendrais autonome, comme avant........
Le pansement a finalement été enlevé, je ne sais plus trop quand.
Je regardais ces agrafes, comme des bagues aux dents des enfants.
"Votre cicatrice est superbe".
Un beau sourire sur le haut de mon pubis, une fois les poils repoussés elle ne se verra plus.
Puis l'eau à force de massages drainant réalisé par chéri, à fini par quitter mes pieds, mes jambes, le haut de mes cuisses et autour de mon ventre. 
Je pouvais me lever (pas trop quand même, car la sensation des organes qui tombent était assez angoissante), sans avoir l'impression de faire floque, floque, floque à chaque pas. 
J'avançais à petits pas incertains, manque d'équilibre, plus de muscles pour tenir mon dos et pour bien respirer. 

J'ai perdu 25 à 30 kilos en une semaine, peut-être plus ??
Moi qui a toujours été bien en chair, me voilà toute en peau et os.
Une nouvelle transformation trop rapide, 8 mois pour grossir (j'ai presque atteint les 90 kilos) et quelques jours pour se vider, trop se vider.
Plus d'eau, plus de muscles, plus de bébés...............
Mon plexus solaire n'a jamais été aussi saillant, mes bras comme des ficelles, mon dos qui ne m'a pas fait souffrir pendant la grossesse ne me portais plus, voutée comme une mamie.
J'ai fini par me lever un peu plus, par marcher un peu.. Mais j'étais épuisée.
Je me disais que jamais je n'allais retrouver mon corps, pourtant de jour en jour, je voyais des progrès petits mais là.

En rentrant chez moi, je me suis vu dans la glace, les os de mon visage juste sous ma peau.
La difficulté à respirer car plus d'abdominaux pour tenir tout ça. 
Je mange pour tenter de reprendre des forces.

La semaine dernière je suis allée chez l'ostéopathe pour remettre un peu d'ordre dans mes os, mes muscles viendront plus tard. Nous avons fait deux balades dehors avec les petits, j'avance doucement mais c'est mieux que rien.
Je n'ai pas de balance pour voir où j'en suis. Mais je serais curieuse de voir ce que dis mon poids.
J'avais commandé des haut pour allaiter, mais je me suis imaginée plus grosse que je ne suis, je nage littéralement dans ces vêtements et dans tous mes autres vêtements aussi.

Mais sinon c'est MERVEILLEUX d'ETRE MAMAN
















J'aurais espérer être une maman en pleine forme, en pleine possession de tout ces moyens pour assurer du tonnerre de feu. Mais je progresse, je progresse dans la reprise en main de mon corps.






















samedi 21 juillet 2012

Accoucher, comment nous avons fait



C'était le 3 juillet dernier.


Une semaine avant nous étions aux urgences car je n'en pouvais plus et je pensais ne jamais pouvoir aller plus  loin. 
Trop de douleurs, ne plus dormir la nuit, ni le jour, ne plus pouvoir bouger mes jambes tellement gonflées d'eau des doigt de pied à la hanche, ne plus manger car rien ne passe et ne même plus  pouvoir boire de l'eau. Un truc à devenir maboule.
Mais aux urgences tout va bien pour nos petits, "c'est normal Madame, c'est une grossesse gémellaire. Rentrez chez vous et rendez-vous mercredi de la semaine prochaine."

OK, ok, ok on l'a voulu on doit en chier...........

Le dimanche, il fait beau enfin...... je décide malgré toutes les difficultés d'aller voir la mer, depuis le temps que je veux faire ça. La mer est basse, il faut marcher longtemps, j'ai mal mais je me dis que marcher dans l'eau peut me faire du bien. Nous arrivons doucement au bord de l'eau, je marche enfin dans l'eau, je me dis aussi que si cela peut permettre à mon col (ouvert à 1) de continuer sa progression. Remonter sera plus dur, le chemin est longtemps et  je suis épuisée.

Lundi soir, je dis à Chéri que je ne peux plus attendre, le rendez-vous de mercredi me semble impossible à atteindre. Des nuits à se tordre de douleurs, sans manger, ni boire cela vient à bout de ma détermination à patienter pour eux. Je me dis que dans l'état dans lequel je me trouve, je ne pourrais jamais accoucher.

Mardi matin du 3 juillet nous voilà aux urgences, j'ai des contractions, comme depuis 4 mois, mais je ne gère plus trop, par manque de sommeil, de nourriture.
Monitoring pour les bébés, R.A.S., moi je me tord de douleur, les docs me demandent ce que je veux. 
Je veux ne plus avoir mal et voir mes bébés en bonne santé.
Mon col est effacé, mais toujours ouvert à 1. 
Il nous avait pourtant fait de belles frayeurs les mois précédent et voilà que maintenant qu'il faut y aller, il prend son temps.

Fin de matinée, décision est prise de faire maturer mon col, avec un tampon de prostaglandine. Je me dis ça-y ma fille tu es lancée, tu vas sans doute en chier pendant un bon moment mais cela semble être le principe de l'accouchement, mais nous y sommes. 
Ce fameux tampon, tant de fois entendu chez les autres, n'est en fait qu'un bout de ficelle élastique avec un peu de produit au bout. 

L'introduction est douloureuse, mais c'est une douleur temporaire.

L'attente commence, Chéri fini par repartir pour pouvoir revenir plus tard avec du ravitaillement. Nous nous attendons à de longues heures de souffrances, mais nous sentons aussi que nous nous n'avons jamais été aussi proche du but.

Je tente de dormir, je ballonne pour tenter d'amadouer les contractions et mon col.

Puis tout deviens ENCORE, plus intense.
Il faut de nouveau monitorer les bébés, je ne tiens aucune position sur ce lit avec les capteurs. Je pensais avoir déjà connu le maximum de la douleur, mais non on peut aller encore plus loin. 
Je me demande ce que va être la suite dans ces conditions, je pense à la péridurale qui doit venir apaiser tout ça, mais il faut que mon col progresse, qu'il s'ouvre. Mais il reste désespérément à 1.
Je me sens vraiment mal, ils  décident de me faire une piqure de dérivé de morphine, je suis Ok, du moment que j'ai moins mal.

Les contractions que je vis maintenant depuis des mois, deviennent de plus en plus intense et proche. Moi qui avait jusqu'à présent de hautes et longues contractions, je vois le monitoring qui fait des piques de plus en plus proches.

Puis d'un coup je passe dans une autre dimension, je n'ai plus mal, je ressens des vagues intenses dans mon corps, mais je n'ai plus mal. C'est super, extra, formidable. Je peux me reposer un peu.
J'entends les coeurs de mes bébés, je ressens  les vagues dans mon corps, je n'ai plus mal.

Puis j'entends un rythme cardiaque qui se ralenti, je me dis que ce n'est pas bien, qu'il faut que je le dise aux sages-femmes, mais je suis dans coma morphinique et je ne peux pas bouger.
D'un coup, 5 ou 6 personnes sont dans la chambre.
"Nous allons appeler votre mari", heu on n'est pas marié.

"On enlève vos vêtements, on vous met une perfusion sur le dos de la main, on vous rase la founette, mais juste sur le dessus. Nous allons vous faire une césarienne, car le cœur d'un des bébés s'est ralenti."
Oui j'ai entendu, je voulais vous le dire, mais on me bassine depuis des mois avec un accouchement par voie basse, alors là vous êtes sur pour la césarienne. Moi je suis trop dans les vapes pour avoir des exigences, juste accoucher et des beaux bébés en bonne santé.
"Emmenez-là au bloc", deux "gros" bonhommes me transbahutent du lit sur un chariot roulant. Heu j'aurais peut-être pu marcher. Mais là non, il font vite et bien ils maitrisent leur procédure. Je suis vraiment dans les vapes.
Au bloc, ils sont combien là-dedans ? Deux, voir trois qui me tiennent, pendant qu'une autre cherche le bon point pour me faire le rachi, oui sauf qu'elle me chatouille grave. "Il ne faut pas bouger Madame, regardez devant, baissez les épaules", ça sent la pizza là non ??? Je ne bouge pas moi, vous pouvez faire de moi ce que vous voulez.
Rien sentie, hors mis les chatouilles, me voilà allongée, "vous sentez là ?" Oui. "Et là ?" Oui. "Et là ?" Non.
Je sens une odeur de pizza, je le dis aux visages qui sont au dessus de moi.
"Votre fils est né, Madame."
Ah bon mais vous ne m'avez pas encore ouvert le ventre !
"Il y a beaucoup d'eau," oui on nous avais dis ça pour notre fille.
"Mais pour votre fil aussi, on va rompre la poche des eaux pour votre fille."
Platche, plouf, mais ils vont devoir m'ouvrir jusqu'en haut pour aller la chercher ma fille, qui est blottie sous mes côtes. Je me vois avec le ventre ouvert du haut jusqu'en bas.
"Vous voyez votre fille Madame".
Je vois une masse blanche qui fait des bulles loin au dessus des mes yeux de myope. C'est ma bébé, j'ai réussi à faire ça moi, un bébé, une césarienne......
"Bon on compte les compresses," j'ai mal à la nuque, pourquoi j'ai mal à la nuque. Il est où le papa, je ne le vois pas ?? "Il est avec vos enfants....."

Gabriel est né à 18 h 26, il pesait 2 kg 490 et Louise à 18 h 28, pour 2 Kg 270.

30 minutes environs entre le cœur qui se ralenti et la naissance de nos petits.

Notre accouchement a donc été la chose la plus rapide et surtout la moins douloureuse de cette grossesse.
Je n'ai rien senti, pas eut le temps de m'angoisser, ni de souffrir.
Pendant les heures qui ont suivi, j'étais en salle de réveil, pendant que le Papa était avec nos petits.
Petits qui n'ont eut besoin de rien, sauf d'un berceau avec matelas chauffant pour ne pas trop perdre de température. 
Moi, je me sentais en super forme, comme sur un tapis volant, je me disais que nos bébés étaient enfin là, en bonne santé, que je n'allais plus avoir mal, que mes jambes allaient dégonfler.

Mon voyage de mère sur son tapis volant a duré, toute la nuit et la journée du lendemain. La drogue ça fait son effet, mal nul part, pas dormis de la nuit, mais tout allait bien. 
Mes petits au sein, ma fille qui pleine d'énergie s'y prends très bien, mon fils plus calme fini par y arriver.
Des larmes beaucoup de larmes, d'émotions, trop d'émotions, je pense au chemin, aux épreuves, à vous qui attendez encore, à moi qui était dans cette attente il n'y a pas si longtemps que ça.................... C'est encore incroyable pour moi, pourtant ils sont bien là..................

 Louise






















Gabriel























La suite du séjour à la maternité fera l'objet d'un autre message.
Ou comment après avoir cru avoir retrouvé mon corps, je l'ai de nouveau perdu.



vendredi 13 juillet 2012

Nos petits


Louise et Gabriel sont nés le 3 juillet 2012.
Gabriel à 18 h 26, Louise à 18 h 28.
La maman et les petits sont rentrés à la maison mercredi 11 juillet.



















Le papa dit qu'ils sont magnifiques et plus encore...............sublimes.