Alors oui, j'étais sur un tapis volant, c'est du moins l'impression que j'avais après la naissance de nos enfants.
Déjà la piqure de dérivé de morphine pour atténuer les douleurs du à l'intensification des contractions m'avait plongé dans un état de perception : "différent".
Je sentais mon corps se contracter, mais je n'avais plus mal et ça après 5 mois à souffrir des douleurs de la grossesse, c'est que du bon.
Puis est venue la césarienne, imprévue, rapide, sans douleur ni angoisses.
L'anesthésie du bas de mon corps aidant, je me sentais particulièrement bien.
En salle de réveil, je me disais que je n'allais plus avoir de contraction, je sentais mon ventre vide mais cela me soulageais. Et puis, je pensais aussi que mes jambes allaient dégonfler et ça me faisait planer...
Nos enfants étaient nés en bonne santé.
De retour dans la chambre, j'avais une sacré pêche, des tuyaux un peu partout, mais pas mal du tout.....
J'étais euphorique, pleine d'énergie pour veiller toute la nuit sur nos petits.
Ce tapis volant sur lequel je me trouvais m'a porté jusqu'au lendemain soir.
Puis j'en suis tombé.
J'avais 9 agrafes sur le haut du pubis couvert par un gros pansement, mais je n'avais pas trop mal à ça.
Par contre mes jambes n'ont pas dégonflées de suite, et surtout je me suis retrouvée avec de l'eau de chaque côté du ventre. Je ne pouvais plus rester sur le dos, ni me mettre sur le côté droit, ni sur le gauche.
Je ne m'étais toujours pas levée, d'ailleurs je n'en voyais pas l'utilité, ni la possibilité.
Pourtant, il faudrait se lever à un moment.
Lorsque les dames sont venues pour me lever, cela s'est terminé par un bain de sang au pied du lit et retour à la position allongée sans avoir fait un pas.
Lorsque le lendemain, ou plus tard, je ne me souviens plus trop, ils ont voulus recommencer ça.
"Il faut vous laver M'dame", moi je m'en foutais de me laver. Je ne voulais pas que l'on me touche, que l'on me laisse dans mon lit.
Faire pipi dans son lit avec un bassin, c'est pas glamour, c'est toujours mieux que dans un tuyau.
J'avais mal de façon intense et diffuse dans toute cette eau qui se glissait de mes pieds vers mon ventre.
Pourtant elle est venu la dame qui voulait ma laver et donc me lever.
Lorsque j'ai mis mes pieds sous mon corps et que j'ai senti tout mes organes qui descendaient vers je ne sais où. Je me suis sentie vraiment mal.
Et pourtant, il fallait marcher, mais là d'un coup je ne savais plus, je ne pouvais plus marcher.
Mon centre de gravité était parti, je ne sais où, mes organes à l'intérieur de mon corps se baladaient je ne sais où, je n'arrivais plus a respirer car mes muscles étaient eux aussi partis de mon corps.
Je n'étais plus moi, ni celle qui avait mis 8 mois à se transformer pour fabriquer des bébés, ni celle que je connaissais depuis 42 ans.
Aller jusqu'à la douche a été une vrai épreuve physiquement et psychologiquement.
J'avais mal au corps et à l'âme.
Je me suis fait laver par une dame.
Lorsque, enfin, je me suis retrouvé dans mon lit, je me sentais vraiment mal.
Plus envie de donner le sein à mes petits, impression que jamais je ne redeviendrais autonome, comme avant........
Le pansement a finalement été enlevé, je ne sais plus trop quand.
Je regardais ces agrafes, comme des bagues aux dents des enfants.
"Votre cicatrice est superbe".
Un beau sourire sur le haut de mon pubis, une fois les poils repoussés elle ne se verra plus.
Puis l'eau à force de massages drainant réalisé par chéri, à fini par quitter mes pieds, mes jambes, le haut de mes cuisses et autour de mon ventre.
Je pouvais me lever (pas trop quand même, car la sensation des organes qui tombent était assez angoissante), sans avoir l'impression de faire floque, floque, floque à chaque pas.
J'avançais à petits pas incertains, manque d'équilibre, plus de muscles pour tenir mon dos et pour bien respirer.
J'ai perdu 25 à 30 kilos en une semaine, peut-être plus ??
Moi qui a toujours été bien en chair, me voilà toute en peau et os.
Une nouvelle transformation trop rapide, 8 mois pour grossir (j'ai presque atteint les 90 kilos) et quelques jours pour se vider, trop se vider.
Plus d'eau, plus de muscles, plus de bébés...............
Mon plexus solaire n'a jamais été aussi saillant, mes bras comme des ficelles, mon dos qui ne m'a pas fait souffrir pendant la grossesse ne me portais plus, voutée comme une mamie.
J'ai fini par me lever un peu plus, par marcher un peu.. Mais j'étais épuisée.
Je me disais que jamais je n'allais retrouver mon corps, pourtant de jour en jour, je voyais des progrès petits mais là.
En rentrant chez moi, je me suis vu dans la glace, les os de mon visage juste sous ma peau.
La difficulté à respirer car plus d'abdominaux pour tenir tout ça.
Je mange pour tenter de reprendre des forces.
La semaine dernière je suis allée chez l'ostéopathe pour remettre un
peu d'ordre dans mes os, mes muscles viendront plus tard. Nous avons
fait deux balades dehors avec les petits, j'avance doucement mais c'est
mieux que rien.
Je n'ai pas de balance pour voir où j'en suis. Mais je serais curieuse de voir ce que dis mon poids.
J'avais commandé des haut pour allaiter, mais je me suis imaginée plus grosse que je ne suis, je nage littéralement dans ces vêtements et dans tous mes autres vêtements aussi.
Mais sinon c'est MERVEILLEUX d'ETRE MAMAN
J'aurais espérer être une maman en pleine forme, en pleine possession de tout ces moyens pour assurer du tonnerre de feu. Mais je progresse, je progresse dans la reprise en main de mon corps.